Sergi Marcén était à l’automne 2017 délégué de la Generalitat (gouvernement catalan) à Londres. Peu après la déclaration unilatérale d’indépendance le 10 octobre 2017, le gouvernement central dirigé par le PP Mariano Rajoy, suspend le statut d’autonomie, en application de l’article 155 de la Constitution. La répression redouble de violence. La Cour des Comptes espagnole inculpe Sergi Marcén pour utilisation de fonds publics en faveur du processus d’autodétermination de son pays. Cela va bouleverser la vie d’un homme qui est membre d’ERC. Du jour au lendemain, il perd son travail et rentre à Barcelone : « Mes filles étaient scolarisées au Royaume-Uni et mon épouse y exerçait un emploi », le changement fut brutal. D’emblée, la Cour des comptes exige qu’il rembourse 300.000 euros, soit la totalité du budget de la Délégation londonienne. « La situation n’a pas été facile, malgré le soutien constant de mon parti », explique Sergi Marcén. « J’ai pu retrouver un emploi en tant qu’expert de la mutation numérique, mais je suis depuis lors dans une incertitude totale, entre la réaction judiciaire et l’espoir qu’un changement de la loi permette l’arrêt des poursuites ».
Autre exemple, celui de Dani Gallardo. Ayant participé à une manifestation de soutien aux souverainistes catalans dans la capitale, il est le premier madrilène à être condamné à quatre ans de prison pour cela. L’ Audienca Nacional ordonne sa détention et le capture. Il demande l’arrêt des poursuites du fait du projet d’amnistie. Les magistrats rejettent sa requête.
En huit ans, 4200 victimes
Le gouvernement espagnol minimise le nombre de bénéficiaires de l’amnistie votée le 13 mars par le parlement. Ils ne seraient que 372. Le mouvement social Òmnium Cultural fait de la défense des victimes de la répression l’essentiel de son combat. Son ex-président Jordi Cuixart a été condamné à neuf ans de prison pour sédition, puis fut gracié par les socialistes, après 44 mois d’incarcération. Selon Òmnium, 1432 personnes sont aujourd’hui inculpées, tant sur le plan judiciaire qu’administratif. 387 ont un dossier pénal ouvert, 113 ont déjà été condamnées, 17 sont toujours dans l’attente d’un jugement. 35 sont sous le coup d’une décision de la Cour des comptes et 880 ont subi des sanctions administratives.
A cela, il convient d’ajouter 1639 personnes victimes d’agressions policières ou fascistes. Elles se décomposent comme suit : 1066 pour avoir exercé le droit de vote le jour du dernier référendum ; 438 pour exercice du droit de réunion dans des mobilisations de protestation contre des décisions judiciaires ; 117 pour avoir exercer leur droit de réunion et de protestation en 2018. Enfin, 18 agressions de la part de groupes fascistes contre des indépendantistes.
Au total et selon Òmnium Cultural, en huit ans, environ 4200 personnes ont été victimes de répressions diverses en Catalogne.