Du 2 au 5 mars, l’association Etxerat se rendra à Bruxelles. Elle va dénoncer devant l’Europe la situation des prisonniers et celle de leurs familles. Car même dans cette Europe soi-disant civilisée, des violations de droits ont encore lieu de façon planifiée et systématique. Nous allons revendiquer le respect de ces droits. Car en Euskal Herria, nous nous trouvons depuis de longues années sous le joug d’une loi qui viole consciemment les droits fondamentaux. Nous ferons savoir que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme est plus nécessaire que jamais, car les États français et espagnol continuent de piétiner systématiquement les droits essentiels. Devant l’Europe, nous voulons rappeler l’origine et l’esprit de cette Déclaration : elle a été rédigée pour défendre la société contre les abus des États.
Les 3 et 4 mars à Bruxelles, nous allons nous réunir avec différents partis et acteurs politiques et sociaux. Nous allons les informer de notre situation, pour agir avec force et depuis le plus grand nombre d’espaces possible contre les violations de droits. Ainsi, nous allons nous réunir officiellement avec députés du parlement Européen et du Parlement de Flandres. En plus de ce calendrier officiel, Etxerat participera à une conférence organisée à la Maison Américaine de Bruxelles. Au côté du représentant d’Etxerat, une victime du conflit colombien prendra également la parole.
L’outil que nous allons utiliser avec tous ces groupes est notre bilan de l’année 2014 qui est le recueil le plus complet possible des violations des droits des prisonniers et de leurs familles d’une Journée Internationale des Droits de l’Homme à celle de l’année suivante. Nous l’avions présenté à la Maison de la Paix d’Aiete et comme nous l’avions dit à ce moment-là, nous l’avons utilisé comme outil d’interpellation, dans les États espagnol et français mais aussi au niveau international. Ce bilan est significatif de la politique pénitentiaire d’exception qui est appliquée à nos parents et amis emprisonnés ; en effet, il liste les violations de droits dont eux et nous, leur entourage, faisons l’objet.
Ce bilan a donc été présenté le 10 décembre, et depuis, notre situation est loin de s’être améliorée. Nous disions à ce moment que l’Espagne était en train de préparer de nouveaux pièges juridiques mais nous ne pouvions imaginer que son objectif était de violer totalement les lois et directives européennes. Un saut qualitatif a eu lieu entre décembre et mars. Jusqu’à maintenant, l’État espagnol violait systématiquement les droits fondamentaux, et ses propres lois au gré de ses intérêts. Maintenant, il continue sur cette voie mais viole également une loi européenne concernant la confusion des peines parce qu’elle lui déplaît. Donnant naissance à un nouveau scandale juridique. L’histoire se répète car cette situation est irréversible. Jusqu’à l’examen du prochain cas par un Tribunal, tous les prisonniers concernés resteront derrière les barreaux, accomplissant une condamnation qu’ils ont déjà entièrement faite, otages. Comme cela s’était produit avec la doctrine 197/2006. Et comme cela n’a pas l’air de suffire, ils utilisent toute leur machinerie judiciaire pour remettre en prison les personnes qui avaient été libérées en vertu de cette loi européenne. En inventant de nouveaux délits et de nouveaux témoignages qui n’étaient pas apparus jusque-là ou en créant des montages médiatiques contre les exilés politiques basques.
Et en cette époque de ruses et de scandales juridiques, pas de meilleur piège que de laisser les prisonniers sans avocats. Le royaume d’Espagne a aussi voulu prendre ces avocats en otage pour éviter de nouvelles condamnations pour violation de la loi européenne. Mais il ne veut pas seulement entraver la défense juridique. En cette période où nos parents et amis prisonniers ont fait le choix de la voie juridique, ils veulent écraser la solidarité et le soutien économique de ce peuple.
Pendant ce temps, ils continuent d’appliquer la dispersion et de punir les familles pour le simple fait d’être des familles. En 2014, la dispersion a provoqué un accident tous les 36 jours. Elle a conduit les prisonniers en isolement et/ou le plus loin possible de chez eux. Y compris pour ceux atteints de maladies graves et incurables. Pas le moindre geste, ne serait-ce qu’humanitaire. Ni en France, ni en Espagne. En ce qui concerne la France, la décision qui doit être rendue le 26 mars prochain concernant le prisonnier atteint de sclérose en plaques Ibon Fernandez marquera le chemin. Nous pourrons mesurer, encore une fois, si l’État fait le choix du respect des droits essentiels, ou non. S’il laisse en prison une personne gravement malade qui a besoin d’un suivi et d’un traitement particuliers, ou non.
Pour toutes ces raisons, Etxerat va à Bruxelles. Pour mener un travail d’interpellation, au Parlement Européen, au Parlement de Flandres, partout où il le faudra. Pour dénoncer les violations de droits essentiels. Nous serons 11 à nous y rendre, 11 hommes et femmes ayant un proche prisonnier à Madrid, Paris, Puerto de Santa Maria, Clairvaux, Liancourt, Badajoz ou encore Castellon. Entre tous, nous pouvons parler basque, espagnol, français et anglais.
La situation est très grave, et il est temps de faire des pas fermes vers le respect des droits fondamentaux de chacun et de passer des paroles aux actes. Pour cela, nous appellerons les institutions et les acteurs politiques à faire leur travail et à mettre des solutions sur la table. En Euskal Herria, dans les deux États, en Europe, dans le monde, partout où il le faudra. Car ces violations incessantes des droits de nombreux citoyens basques représentent une situation d’urgence.