A son habitude, Pantxoa Bimboire n’hésite pas à choquer pour mieux faire comprendre les atouts économiques d’Iparralde. Il rêve d’un axe de progrès de l’agroalimentaire.
Sur France Inter des participants d’une émission opposant les grincheux et les naïfs sur l’économie de l’hexagone évoquaient des constats qui résonnaient à mon oreille, avec un accent de vérité : le comportement des journalistes est basé sur la méfiance et le sarcasme (explicable par le fait que la crainte qui constitue leur ADN est d’éviter le piège, enseigné dans leurs écoles, d’être naïf et « nunuche« ), les nouvelles réconfortantes sont donc plus rares que les négatives, les ouvrages traitant de l’économie évoquent, par nature, et majoritairement, des futures catastrophes (sur une statistique de ces 24 derniers mois), la défiance (et le pessimisme) environnant rendent les relations sociales conflictuelles et les possibilités de consensus impossibles, intelligence et clairvoyance ne se marient pas avec optimisme, l’homme heureux est imbécile…Bref, qu’est-ce que cela a à voir avec Lurrama, le Foncier et l’agroalimentaire.
Un nouveau naïf en Iparralde
Je rêve que l’axe de progrès que constitue l’agroalimentaire puisse, dans les années qui viennent, se décliner sur:
- une zone dédiée agroalimentaire sur Saint-Palais avec le concours des bonnes volontés: un élu comme Barthélémy Aguerre et un élu de proximité comme le maire qui puissent faciliter les recherches de terrain, une grosse société phare comme Lur Berri qui puisse aider par sa compétence et son staff de haut niveau à la maturation du projet, les lycées professionnels dynamiques comme celui d’Errecart, aidé par ses pôles décentralisés qui puissent trouver des stagiaires, mettre en place des cycles courts de modules d’études collant au besoin, car, il est vrai, les zones d’activité dédiées sont plus réactives par les synergies qu’elles mettent en place.
- le pôle implantation de la CCIBPB qui travaille sur ce thème.
- un cluster Uztartu dont l’utilité serait reconnue et que les trois chambres officielles (CCI, Chambre des métiers et Chambre d’Agriculture) acceptent de financer par quart, en association avec le département. La dernière réunion d’Hasparren faisait l’inventaire de tous les chantiers possibles à mener: groupement d’employés agroalimentaires (car les saisonnalités peuvent se compléter), truite Pays Basque (même si des sociétés sur le terrain sont déjà très avancées sur le chemin de l’excellence), apiculture (contrôle pureté des souches), filière légumes et fruits (produits en Pays Basque), partenariat Lycée Hôtelier de Biarritz sur des modules cuisine restauration collective, etc., culture de l’orge en Pays Basque pour une bière 100%, logistique, frais en commun pour tournées de livraisons courtes et multipoints, gestions des déchets (gisements pérennité et opportunité de traitement), mini voire micro méthanisation (carte du trajet de conduite de gaz), emballages, etc. Donc des chantiers sont à mener, pour qui a de la patience et sait fédérer les forces.
- une poursuite des initiatives que je n’hésite pas à caractériser de « révolutionnaires » du type blé et viande, dont une partie de la réussite est d’avoir bousculé les habitudes, les a priori et les postures présupposées. Cette poursuite est à étendre à d’autres domaines : huile, fruits/légumes, aliments bétails, etc.
- un chèque de 1M€ (prévu dans le nouveau contrat territorial, facilité par la motivation d’une députée de la Côte, pour lutter contre la spéculation foncière vécue dans « l’entre-côte« ) qui abonderait le fond Lurzaindia véritable concrétisation pratique face à l’avalanche de bons sentiments de nos élus, sur le thème du foncier.
- le ministre Le Foll qui autorise la création d’une chambre d’agriculture en PB.
Je rêve aussi que les violons (des grincheux pessimistes, donc, non naïfs) que j’entends à droite et à gauche, chez nous et chez les autres baissent de tonalité, quelques exemples :
- j’ai planté du blé, mais il n’était pas panifiable, j’ai perdu de l’argent, pour qu’il soit panifiable j’aurais dû rajouter des engrais et des pesticides, ça ne marchera jamais.
- les entreprises de l’agroalimentaire, travaillées de l’intérieur, ont boycotté la marque territoriale.
- la marque territoriale ne doit être que commerciale, le reste ne compte pas, car les entreprises ne veulent pas être contraintes par des chartes.
- la marque territoriale en l’état ne vaut rien car 100% du produit n’est pas fait au PB.
- vous n’obtiendrez jamais la collectivité car, cette fois, étant si près de l’obtenir, vous ne l’avez pas obtenue.
- s’allier avec la droite ou le centre dans des élections municipales est impossible pour un abertzale.
- nous on veut bien participer au financement d’Uztartu mais il faut que ce dernier arrête les cadeaux qu’il fait à EHLG. etc. etc.
L’environnement pousse donc au statu quo qui de fait est beaucoup plus confortable et douillet que la prise de risque. Je suis pourtant très pessimiste sur l’économie de l’hexagone. Mais je suis résolument optimiste sur Iparralde et naïf, pardon à ceux que j’ai pu choquer (personne ne doit se voir attribué tel ou tel propos grincheux…). Iparralde tente des expériences et démontre son dynamisme. Collectivement, néanmoins, nous ne sommes encore pas assez ouverts sur la société civile. Puissent les élections municipales de 2014 être l’occasion de travailler sur le concret, avec ceux qui ne pensent pas comme nous et qui s’avèrent souvent moins grincheux que nous.