Voiture : lutter contre l’inertie

BouchonsLa saison estivale avec ses engorgements routiers quotidiens sur la côte nous fait toucher du doigt l’importance prise par la voiture dans notre mode de vie et les aspects nocifs qui en découlent. En juillet ou en août, tout le monde s’agace des problèmes de circulation puis, par une sorte de résilience collective, finit par oublier cette question à partir de septembre et ce jusqu’au mois de juin suivant où cela recommence de plus belle.

Septembre. Un été vient encore de s’achever, nous voici à nouveau dans le rythme d’une année classique où chacun, selon son activité professionnelle, ses engagements divers et variés, sa vie de famille, retrouvera permanences et scansions habituelles.

Au milieu de tout cela, son rapport à la voiture.

J’y pense et puis j’oublie

Ce rapport à la voiture, il peut être très varié. Certains n’ont pas le choix, car on a beau étudier l’affaire dans tous les sens, joindre le Pays Basque intérieur et la côte à certaines heures de la journée impose l’usage de l’automobile.

D’autres ont la possibilité d’utiliser des transports en commun – notamment sur l’axe littoral –, mais il faut vraiment qu’ils soient motivés pour continuer à prendre le train malgré les retards, annulations, grèves et autres inconvénients récurrents qui font du rail français un service de m… (vous aurez probablement compris à cet accès de grossièreté que ce jugement est fondé sur ma douloureuse expérience).

Quant à d’autres encore, ils restent attachés à leur véhicule et à la liberté de mouvement qu’il leur donne, en tout cas en apparence. Quoi qu’il en soit, très peu de monde remettra en question son rapport à la voiture ou la place de celle-ci dans nos politiques de circulation dans le courant de l’année, la tête occupée par les contingences quotidiennes. Les seuls moments où l’on parvient à se dire qu’il faudrait vraiment changer quelque chose à cela surviennent au hasard malheureux d’un accident de la route, au battage médiatique autour d’un sommet sur le climat, ou durant la saison estivale – et c’est pourquoi je saute sur l’occasion de celle qui vient de s’achever pour aborder cette question.

La saison estivale, c’est la circulation routière classique, mais amplifiée à l’extrême durant deux mois. C’est la promesse d’embouteillages  aux sorties des villes de la côte ou de certains bourgs de l’intérieur aux heures clés de la journée ; c’est la perspective d’axes routiers saturés ; dans les centres-villes, c’est l’assurance d’une cohue invraisemblable autour des parkings et dans les rues qui y mènent. En conséquence de tout cela, pics de pollution, accidents plus ou moins graves, cauchemar des locaux qui préfèrent s’exclure eux-mêmes de tout usage de leur propre ville, et situation guère plus enviable pour les touristes qui souhaiteraient légitimement profiter de leur séjour sans subir eux aussi ces désagréments. En clair, en juillet ou en août, tout le monde s’agace des problèmes de circulation puis, par une sorte de résilience collective, finit par oublier cette question à partir de septembre et ce jusqu’au mois de juin suivant où cela recommence de plus belle. Malgré tous les travaux menés notamment par le Conseil de développement durant ces dernières années, tous les sommets internationaux sur le climat, des actions telles que celles de Bizi !, toutes les déclarations de bonnes intentions pré-électorales… et tous les agacements saisonniers, nous sommes pris dans une inertie face aux politiques de circulation et de stationnement.

Une question politique

Bien sûr, il arrive que la question ne soit pas seulement celle d’une inconsciente et quasi innocente apathie. Le plus souvent, le problème vient purement et simplement de choix politiques aggravant sciemment la situation. Au plan des transports collectifs, malgré certaines avancées fort limitées, l’offre en réseaux locaux d’autobus et de train – dont une grande partie est de compétence régionale donc enjeu des élections de décembre prochain – reste bien trop défaillante en quantité comme en qualité pour modifier en profondeur les habitudes des usagers de la voiture. Au plan de la gestion des routes, il n’est également que de constater avec quelle facilité les ASF parviennent à obtenir l’élargissement de l’A63, avec tous ses dommages collatéraux, comparé au report constant d’un projet de tram-train, véritable arlésienne depuis la fin du siècle dernier. En ce qui concerne la politique du stationnement, songeons au désastreux maintien du paradigme du parking en centre-ville, véritable aimant pour tous ces automobilistes à qui l’on pourrait proposer des systèmes de parkings-relais de périphérie et navettes, permettant de surcroît de rendre certains hypercentres piétons.

Dans tous ces domaines, il n’est guère de fatalité mais bel et bien la faiblesse des maires en place face à on ne sait trop quel principe d’aménagement ou lobby. Il est vrai qu’on se plaît souvent à rétorquer qu’interdire le stationnement en centre-ville sauf aux résidents nuirait aux commerces, mais sans jamais vraiment chercher à tordre le cou à cet argument qui ne tient pas debout.

Un chantier pour les abertzale

Ce constat, il paraît aisé à dresser et n’est pas le fruit d’une particulière fulgurance intellectuelle. Il est même banal et je m’en désole presque moi-même. Sauf qu’à l’heure où tout le monde n’a que de l’urgence  climatique et du développement soutenable à la bouche, alors que l’on rappelle régulièrement l’impact énorme des mobilités dans ce domaine, il me semble que ce mois de septembre est idéal pour en parler, n’étant pas encore retombés dans l’inertie de l’année à venir et ayant frais en tête le cauchemar de la circulation estivale.

Le boulot que les abertzale auront à mener cette année, notamment autour de l’institution, sera lourd. Mais il est des thématiques sur lesquelles le poids que nous avons acquis, de même que notre réseau de militant-es et d’élues, nous permettraient de peser. Il me semble que celle de la place de la voiture dans ce territoire ne devrait pas être la dernière.

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