C’est encore une logique commerciale qui prévaut dans la lutte contre l’Influenza aviaire, au détriment des petits producteurs et d’élevages de plein air pourtant plus vertueux.
Quand on parle de la grippe aviaire, on a l’impression que les années se suivent… et se ressemblent ; à tel point que pour beaucoup, il est devenu normal de tuer de la volaille saine pour la jeter à la poubelle.
Jusqu’à la fin de l’année 2021, le virus arrivait par le biais des oiseaux migrateurs à l’entrée de l’hiver, pour se propager un peu partout sur le territoire du Sud-ouest. Cela créait même certaines moqueries chez les éleveurs des Pays de la Loire, qui n’étaient jamais touchés par la maladie. Le ministre de l’Agriculture allait même jusque citer l’élevage vendéen comme l’exemple à suivre avec des élevages en bâtiment et des volailles qui ne connaissent pas l’extérieur. Le tout combiné à une superbe biosécurité : l’outil miracle inventé par l’Homme pour tout désinfecter et aseptiser afin de vaincre le virus…. C’est ainsi que l’État français décidait en 2021 de mettre à l’abri toutes les volailles de France, de novembre et au moins jusqu’à mai. En omettant bien sûr d’avertir les consommateurs que les produits « plein air » du supermarché ne l’étaient plus…
Mais patatras, au printemps 2022, voilà que les Pays de la Loire sont touchés créant la panique avec des abattages d’animaux comme jamais on n’en aura vu. Depuis, le virus Influenza aviaire est même devenu endémique puisque durant tout l’été, on trouvait des cas un peu partout, jusque chez les oiseaux sauvages (fous de Bassan, goélands, vautours…). Pourtant, on n’a jamais autant claustré nos animaux, ni jamais autant pratiqué la biosécurité. Où est l’erreur ? Eh bien, lorsqu’à l’été dernier, l’ANSES (organisme scientifique de l’État) nous fait part de ses enquêtes épidémiologiques, un chiffre nous fait froid dans le dos : seulement quatre cas de grippe aviaire sur les 1300 au total sont dus au contact avec les oiseaux migrateurs. Les autres troupeaux sont contaminés à cause de l’intervention humaine : techniciens vétérinaires et équipes d’attrapage se déplaçant d’élevage en élevage, déplacements d’animaux, sont autant d’éléments qui disséminent le virus. Or, ces pratiques-là existent dans les élevages intensifs, mais nullement chez les éleveurs autarciques qui, eux, n’accueillent pas ce personnel et gardent leurs animaux sur leurs fermes du début à la fin. Nos petites fermes ne sont donc pas coupables de la diffusion de la grippe aviaire !
C’est ainsi que le syndicat ELB se bat aux côtés de la Confédération paysanne pour que nos petits modèles d’élevage soient reconnus et soient traités différemment dans cette lutte contre ces épidémies. Nous y arriverons avec le temps puisque même nos élus du Pays Basque se sont prononcés pour la sauvegarde de nos petites fermes. Mais c’est long pour que cela arrive jusque Paris ! Tellement long qu’on perd des paysans sur la route. Et c’est malheureusement le « deux poids, deux mesures » qui règne encore. Notre agriculture paysanne est en ce moment même victime de contrôles des services vétérinaires envoyant des mises en demeure pour nous forcer à enfermer nos animaux, nous amenant à aller contre notre bon sens paysan et nos valeurs. A côté de cela, on sait qu’en temps de grosse épidémie, les transports d’animaux doivent être interdits ! Mais l’État met en place des dérogations pour l’industrie du canard car, soi-disant, il faut faire vivre une économie. Par là même, des analyses doivent être faites avant tout déplacement de volaille ; l’État voulait des analyses 24h avant le voyage : les grosses firmes ont obtenu un délai de 72h avant. Les risques s’accroissent, mais c’est pour pouvoir permettre l’activité commerciale. C’est ainsi qu’en temps de gestion sanitaire urgente, la finance prime encore.
Y’a-t-il un pilote dans l’avion ministérielle ? Sûrement qu’il y en a un, mais pas celui qui devrait y être ! Pas le ministre, non, mais le lobby industriel qui a compris depuis longtemps comment amadouer les bureaucrates conseillant nos politiques, tels des marionnettes ! Heureusement, nous n’avons pas dit notre dernier mot au Pays Basque : ELB veille, soutenu par le consommateur qui n’est pas dupe et qui croit en l’agriculture paysanne et de qualité ! Le combat est long mais mérite d’être gagné !
Ce chiffre est incroyable: 1296 cas sur 1300 c’est à dire 99,7% dûs à l’intervention humaine, soit lors du déplacement des bêtes d’une ferme-usine à l’autre, soit par les propres techniciens censés prévenir ou du moins mitiger le problème. C’est effarant d’absurdité. Ce modèle agricole où les animaux se comptent en milliers (voire dizaines de milliers pour les volailles) par agriculteur, la terre en centaines d’hectares par agriculteur, est d’une fragilité inquiétante. Le comble étant qu’ils se prétendent garants de la productivité nécessaire à nourrir la population, incapables de voir que dès que les conditions extérieures bougent un peu leur productivité se casse la gueule.
Dommage de ne pas citer : « Sauve qui poule pays basque – Kanpoko hazkuntza » dans votre excellent article…