L'Edito du mensuel Enbata - Pourquoi les peuples sans État semblent-ils en partie épargnés par la vague droitière et populiste qui déferle sur le monde ? Ils n'ont pourtant pas de spécificité sociologique particulière... Quand certains peuples sans État parviennent à construire un patriotisme inclusif, les grands États se contentent souvent d'invoquer « la grandeur nationale », que la philosophe Simone Weil distinguait de l'amour de la patrie, « ce sentiment de tendresse poignante pour une chose belle, précieuse, fragile et périssable ».
Si les gauches auraient tort d'abandonner le patriotisme à la droite, prenons garde à ne pas nous perdre en chemin. Si nous cessons d'alimenter notre projet abertzale (littéralement, patriotique) par la construction de nouvelles émancipations, de nouvelles solidarités et de nouvelles souverainetés concrètes, nous suivrons la même pente glissante que celle du patriotisme français, qui avait pourtant produit avec le programme du Conseil national de la Résistance, l'une des plus belles avancées du XXème siècle. (...)