C'est lorsqu'il revient pour la première fois à l'île Maurice en 1980, afin de rendre visite à sa tante, que Jean-Marie Gustave Le Clézio prend toute la mesure de la tragédie du peuple chagossien : l'exode forcé, l'exil organisé, la déportation méthodique d'une population de 4000 habitants, celle des habitants de l'archipel des Chagos, situé au coeur de l'océan-Indien, entre l'Afrique et l'Indonésie. Chassés de leurs îles, depuis la décision des Britanniques, prise en 1965, de permettre aux Etats-Unis d’installer une base militaire sur l’atoll de Diego Garcia, les Chagossiens furent contraints de partir pour Maurice et les Seychelles.
Issu d’une famille bretonne immigrée de l’Ile Maurice, écrivain dont l’oeuvre est traversée par le souci des populations minoritaire, J. M. G. Le Clézio mène depuis quelques années un combat pour le droit au retour de ce « peuple pacifique », dit-il, issu d’anciens esclaves venus d’Afrique de l’Est et qui, depuis le début des années 1970, errent dans les marges des villes mauriciennes. Une résolution portée par les Mauriciens et les Chagossiens, adoptée à l’Assemblée générales des Nations unies le 22 juin 2017, malgré l’opposition britannique et américaine —sans oublier «l’incompréhensible et scandaleuse» abstention de la France, regrette-t-il, relance la possibilité d’une reconnaissance du droit et de l’identité de ce peuple. (...)