Vaincre et convaincre
Aña Mari Grenié - « Un être d’exception... notre Pays Basque a perdu un homme d’exception, un guide, un visionnaire, un constructeur ». Ces mots ne sont pas de moi mais, vous l’admettrez, pourraient très bien s’appliquer à l’homme que nous accompagnons aujourd’hui. Ces mots, Jakes me les avait dictés début juin 2021 pour son avant-dernier éditorial d’Enbata. Il rendait hommage à Mixel Berhocoirigoin, le paysan-syndicaliste, l’artisan de paix, l’ami. Celui-là même qui avait voulu associer Basques des villes et Basques des champs pour construire ensemble un nouveau pays.
Est-ce justement parce qu’il était de la ville que Jakes prit tout jeune conscience de la débasquisation galopante du pays ? À la fin de la seconde guerre mondiale, à Biarritz, certes l’on chantait et l’on dansait basque, mais on l’entendait beaucoup moins parler. Et, en octobre 1949, au lendemain du crash de l’avion qui menait Marcel Cerdan à New York, Jakes eut une révélation de la situation tragique du Pays Basque. Cinq bergers basques avaient également péri dans ce crash. On n’en parlait guère. Mais ces bergers symbolisaient le drame d’un pays qui était en train de se vider de sa jeunesse. Jakes devenait alors « abertzale »... il avait choisi sa patrie et nourri des convictions qu’il partageait avec les fondateurs d’Enbata. Rien d’évident pour la société basque de l’époque et l’expression « Enbata zikina! » est restée dans les mémoires. Il en fallait du courage, de l’obstination et de l’abnégation. (...)